26.8 - 16.9.2023 Valaisan né à Fribourg en 1967, Nicolas Fournier vit à Genève depuis trois décennies. Sa formation à l’ESAV (aujourd’hui HEAD – Genève), menée dans l’atelier de volume, l’a conduit à privilégier pendant longtemps l’installation et le dessin. Depuis quelques années, il pratique assidument la peinture, qui avait été à l’origine de son orientation artistique. Sa manière figurative, si elle est marquée par l’expérience du dessin, s’en libère grâce à une expérimentation, à la fois passionnée et organisée, des couleurs, des textures, des formats. Son travail est comme appelé par des thématiques tournant peu ou prou autour des relations de l’humain avec l’Univers et de questionnements plus intérieurs dont celles-ci sont souvent le miroir.
Loin d’être figé dans une approche documentaire, Nicolas Fournier donne à ses explorations les perspectives et les profondeurs qu’on peut attendre d’un artiste. Son matériau consiste en des images repérées sur le net ou parmi ses propres photographies, parfois prises lors de ses résidences auprès de scientifiques. Celles-ci vont subir force interventions qui vont les révéler autant que les transformer. Par des changements d’échelle, des recadrages, par le filtre des couleurs choisies par l’artiste et par le rapprochement avec d’autres images, elles perdent leur fixité pour devenir objets mouvants qui ne laissent pas le regard en paix. Chaque photographie va ainsi donner lieu à plusieurs tableaux de formats variés ou apparaître dans des projets particuliers, que Nicolas Fournier apprécie de mener en dialogue avec d’autres artistes. Le peintre fait évoluer sa palette avec délicatesse au fur et à mesure que se constituent les suites rhizomatiques dont procède son œuvre. Il puise dans des teintes plus ou moins minérales – pas forcément froides - qui s’acidifient, se tonifient parfois.
Quand il retrouve le dessin, Nicolas Fournier travaille à la pierre noire, aux crayons de couleur, fouille ses images à la manière d’un archéologue grâce à une technique de frottage sur de la peinture à l’huile. Et surgissent encore et encore les mêmes questions (inter)sidérales sur ce qui constitue la matière, l’espace, le temps, non pas dans l’absolu, mais pour nous humains, avec nos émerveillements, nos doutes et nos failles. Le sentiment, la perception que nous en avons importent ici autant que notre connaissance.
Élisabeth Chardon
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